Les risques professionnels des travailleurs en milieu forestier
Les travailleurs en milieu forestier (bûcherons, élagueurs) sont exposés à de multiples dangers dans le cadre de leur métier et doivent faire face à des risques tant mécaniques qu’environnementaux.
SOMMAIRE
Les différentes situations à risques des bûcherons et des élagueurs
1/ Les risques physiques
Les risques physiques sont principalement liés aux mauvaises postures de travail, au port de charges lourdes et aux mouvements répétitifs et prolongés qui sollicitent fortement les articulations (apparitions précoces de rhumatismes). L’exposition constante à des bruits forts peut être à l’origine d’une surdité plus ou moins importante. Le froid et les vibrations quotidiennes des machines dans les membres peuvent causer des troubles de la circulation du sang (Syndrome de Raynaud, plus connu sous le nom de Syndrome vibratoire main-bras dans la médecine du travail, dit aussi Syndrome de la main blanche).
2/ Les risques mécaniques
Un mauvais usage des machines et outils peut être à l’origine de graves accidents (coupures, brûlures, …), les cas de membres sectionnés par une tronçonneuse sont nombreux du fait du non-respect desinstructions d’utilisation et du manque d’entretien. Pour ce qui est des engins de chantier, bien des accidents sont le fait de treuils mal positionnés, de chutes en l’absence de rampe d’accès au véhicule, d’écrasements ou de contusions liés au chargement ou déchargement de grumes, etc. Enfin, le non-respect des consignes d’utilisation des engins en ce qui concerne la pente maximale est fréquent.
3/ Les risques environnementaux
Les circonstances liées au terrain peuvent constituer un vrai danger, surtout lorsqu’elles sont mal appréhendées. Ainsi, nombre de chutes sont liées à des travaux d’élagage mal préparés (matériel inadéquat et/ou en mauvais état) entrainant des accidents graves causant multiples fractures, traumatisme crânien,… Une mauvaise technique peut rendre le matériel d’escalade dangereux (blessures liées à des mousquetons, chutes en raisons d’un mauvais point d’ancrage, chute de branches ou éclats de bois). De plus, les intempéries peuvent aussi être la cause d’accidents en cas de mauvaise visibilité ou de sol glissant.
4/ Les risques chimiques
La manipulation de carburant ou d’huile de moteur peut constituer un risque notamment en cas de renversement et/ou de contact cutané. Les sorties de gaz d’échappements non conformes constituent un risque pour la santé, notamment lorsque celles-ci sont dirigées vers l’utilisateur de la machine. Lors d’essartages, la combustion de végétaux frais dégage des vapeurs toxiques dans la fumée, ce qui constitue un risque important en cas d’inhalation.
5/ Les risques sanitaires
Le milieu forestier est le siège d’un certain nombre de maladies pouvant causer des infections létales :
- Le tétanos est une maladie présente au sol et dont les spores contaminent les plaies ouvertes souillées par de la terre. Cette maladie infectieuse grave provoque des troubles du système nerveux pouvant entraîner la mort.
- La leptospirose est une maladie qui peut être transmise par contamination directe via une morsure de rongeur, ou indirecte (cas le plus fréquent) via le contact avec des déjections ou un rongeur mort. La leptospirose provoque un état grippal, qui, si il n’est pas soigné à temps peut entrainer des hémorragies létales.
- La maladie de Lyme est une infection transmise par les morsures de tiques, les symptômes de cette maladie sont assez divers, ce qui peut rendre son diagnostic compliqué. Dans la majorité des cas, la maladie se traduit par de fortes fièvres et une atteinte grave des méninges.
- L’encéphalite à tiques est une maladie transmise également par les morsures de tiques et qui provoque des états grippaux pouvant évoluer vers une méningite. En général, avec un traitement adapté des symptômes l’auto-guérison est possible. Les personnes d’un âge avancé sont les plus fragiles et leurs guérison est longue et incertaine.
Prévenir les risques forestiers
Plusieurs moyens de prévention peuvent être mis en œuvre pour permettre d’éviter les différents types de risques.
1/ Une organisation optimale du travail
Une bonne organisation et une communication efficace permettent une meilleure évaluation des risques. La formation du personnel à l’utilisation des engins de chantiers et des machines à toute son importance, elle contribue à réduire le nombre d’accidents liés à un usage inadapté. Les circonstances environnementales (météo, terrain) doivent être prises en compte afin d’évaluer au mieux les risques et d’adapter le travail.
2/ Un matériel adéquat
Les risques peuvent être considérablement limités si les outils et engins de chantier sont aux normes et régulièrement entretenus. L’entretien et la vérification régulière de la tronçonneuse permettent d’éviter des accidents graves comme la section d’un membre ou une coupure profonde. Un matériel d’élagage complet et en bon état permet de réduire significativement le nombre de chutes. Il est recommandé d’utiliser de préférence la nacelle pour les travaux d’élagage en hauteur et de privilégier l’escalade pour les endroits difficiles d’accès. L’utilisation de l’échelle doit être réservée à des situations particulières, car elle ne constitue pas un élément caractéristique du matériel d’élagage. Un contrôle visuel régulier du matériel de grimpe est nécessaire.
Pour ce qui est des engins de chantier forestier, un certain nombre de blessures peut être évité en séparant le personnel du matériel lors du transport. Des sièges adaptés avec une ceinture de sécurité sont essentiels pour éviter des blessures en cas d’accident de véhicules. La présence de marches et de rampes d’accès propres et en bon état permet d’éviter les chutes.
En ce qui concerne les réserves decarburant et d’huile moteur, il est nécessaire que ces produits soient conservés dans des contenants adaptés possédant un bec verseur pour éviter les renversements de ces liquides dont certains sont inflammables.
3/ Protection du personnel
Le port d’un EPI complet et adapté au travail est obligatoire : il comprend un casque avec visière intégrée, des protections auditives, des chaussures de sécurité, des jambières et manchettes anti-coupures, des gants anti-coupures et anti-vibrations. Une vérification régulière de l’équipement de protection permet de prévenir les incidents liés son usure ou à sa défectuosité. La formation du personnel aux gestes de premiers secours et la présence d’une trousse à pharmacie d’urgence permettent une première prise en charge d’un blessé et empêchent une possible aggravation de son état en attendant les secours.
4/ Prévention des risques sanitaires
Afin de se prémunir contre des maladies parfois très invalidantes voire létales, certains vaccins sont recommandés, comme ceux contre la rage, la leptospirose et l’encéphalite à tique ; le vaccin antitétanique est, quant à lui, obligatoire. Il n’existe pas de vaccin contre la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Néanmoins, les maladies transmises par les tiques ne contaminent le sang qu’à partir du moment où la tique est présente plus de 36h dans la peau. Dès lors, le meilleur moyen de prévention est encore l’inspection de tout le corps (notamment les zones où la peau est la plus fine car plus facile pour la tique de mordre : plis des bras et des jambes, cou, cuir chevelu…) après chaque intervention en forêt et l’élimination manuelle des tiques. A savoir qu’en cas de multiples morsures de tiques sur une longue période, un individu peut développer une réaction allergique à la salive de ce parasite. Il est possible d’effectuer un traitement des vêtements de travail avec des insectifuges contenant au moins 20% à 30% de DEET (N, N-Diéthyl -3-Méthylbenzamide) afin d’éloigner les tiques en cas de travaux dans des endroits très infestés et par fortes chaleurs. Des équipements imperméables sont nécessaires lors de travaux dans des zones humides, en effet, certaines maladies comme la leptospirose se répandent facilement par l’eau. Enfin, une formation sur les gestes et postures à adopter en cas de port de charges lourdes permet de prévenir des rhumatismes ou autres maladies articulatoires.
